Texte 2 (2016-2017)

Maroc-Chine: Les investisseurs arrivent !

Un déficit commercial abyssal conjugué à un volume d’IDE très faible. Voilà le constat qui ressort des relations économiques maroco-chinoises. Une donne que le Maroc veut inverser en instaurant un véritable partenariat stratégique avec l’empire du milieu via une coopération renforcée et généralisée à l’ensemble des volets, politique, économique et même militaire. C’est tout le sens et l’esprit de la visite de travail qu’effectue le Souverain à partir du mercredi 11 mai à Pékin. Lors de cette visite, SM Mohammed VI est accompagné par plusieurs ministres représentant l’ensemble des secteurs productifs. Et dès le premier jour de la rencontre avec les responsables chinois, 16 conventions et mémorandums ont été signés entre les partenaires. Sans oublier la déclaration finale qui doit tracer le cadre de la nouvelle reconfiguration des relations entre les deux pays.

L’objectif pour le Maroc est donc d’équilibrer sa balance commerciale surtout à travers une compensation au niveau des IDE chinois. Car, il est illusoire d’y développer nos exportations vu que le contenu actuel reste de faible valeur ajoutée. […]

Pour le moment, les investissements chinois portent sur 200 millions de dollars réalisés par une trentaine d’entreprises implantées au Maroc. Elles opèrent pour la majorité dans les secteurs de l’informatique et des télécommunications. C’est le cas de Huwei et de ZTE. Les entreprises chinoises sont aussi présentes dans le domaine de la pêche côtière, notamment à travers la joint-venture China National Fisheries Corporation (CNFC) basée dans la ville d’Agadir depuis 1988 et aussi dans le secteur des infrastructures, où nombreux sont les projets qui ont été réalisés par des opérateurs chinois. Sauf que le potentiel à exploiter reste énorme. Il est vrai que le Maroc ne dispose ni de pétrole ni de gisements miniers dont raffole l’économie chinoise. Mais les deux pays partagent les mêmes objectifs, en particulier celui de conforter un leadership économique en Afrique de l’Ouest. Or, jusqu’à présent, sur les 75 milliards de dollars investis annuellement par la Chine en dehors de ses frontières, seuls 11 milliards sont réalisés dans le continent. Tout récemment, Pékin a fait part de son intention de réserver 60 milliards de dollars à l’Afrique dont une partie au Maroc pour les secteurs du tourisme et des infrastructures de base.

La visite officielle en Chine de S.M le Roi sera à coup sûr l’occasion de mettre en avant la  place qu’occupe le Maroc dans la dynamique actuelle des relations entre l’Afrique et l’empire du milieu et d’identifier des pistes concrètes pour une reconfiguration de ces liens. Et donc de libérer le potentiel du partenariat Maroc-Chine-Afrique tant au niveau bilatéral que multilatéral. Déjà le forum maroco-chinois organisé par la CGEM en novembre 2014 s’était soldé par plusieurs conventions de partenariat et a concerné de nombreux secteurs stratégiques comme l’énergie, les mines, le tourisme et les finances. Mais jusqu’à présent, le pas des intentions n’a pas encore été franchi. Les ministres accompagnant le Souverain à la visite officielle qu’il effectue en Chine depuis mercredi dernier ont signé, chacun dans son domaine des conventions et mémorandums de coopération. Au total, 16 accords ont été signés. Le premier a été conclu dans le domaine militaire et cible la formation, l’entraînement, l’échange d’expertise et la cyber-sécurité. L’extradition des personnes condamnées ou poursuivies se trouvant dans les deux pays a fait l’objet d’une convention. Avec cette réserve que l’extradition ne concerne pas les ressortissants respectifs. L’assouplissement du visa tant attendu sera réglé. Le mémorandum signé à cet effet, prévoit l’exemption de visa pour les titulaires de « Passeport pour affaires publiques »> chinois et de « Passeport spécial », marocain délivré par le ministère des Affaires étrangères. S’ajoute aussi, la facilitation des procédures de délivrance de visas pour les ressortissants chinois désireux de se rendre au Maroc à des fins de tourisme. Il en est de même pour les hommes d’affaires marocains et chinois détenteurs de passeports ordinaires. 20 En ce qui concerne le secteur industriel, un mémorandum vise à renforcer le partenariat dans des activités à fort potentiel de création d’emplois, notamment l’automobile, le textile, l’électroménager, l’aéronautique et la logistique. A charge pour la partie marocaine de mettre à la disposition des entreprises chinoises des mesures incitatives spécifiques dans le cadre de contrats d’investissement.

L’énergie, l’infrastructure, le secteur bancaire ainsi que le tourisme ont également été conventionnés. L’objectif est de faciliter et d’encourager la coopération entre les divers partenaires. A titre d’exemple, l’accord sur le secteur énergétique touche l’exploration des hydrocarbures, la production de l’électricité, les énergies ainsi que le transport et la distribution. Infrastructure ferroviaire, sécurité de produits alimentaires, relations culturelles, coopération judiciaire sont aussi encadrés par des mémorandums d’entente.